Le prisme de la grotte,
physique et réverbération

Mon écoute sur le long de la côte présente des spécificités particulières. L'expérience de l'écoute de ce paysage sonore, à travers le prisme de la grotte, est un large système.

La grotte marine est une entité à part entière, créée par les éléments, elle imprime le son qui lui parvient. La roche est statique dans l'espace, mais vibre au rythme des vagues qui viennent à elle. L'empreinte que laisse l'espace sur le son lui est propre. La grotte, face à la mer, est comme le point de collision des éléments, eau, terre, avec le monde. Et le paysage sonore qu'elle produit, sa résonance, est sa manifestation sonore.

En temps qu'auditeur m'intéressant à cette résonance, j'aimerais déceler/décoder le système des comportements physiques et acoustiques de mes expériences.

J'ai aujourd'hui quelques indices :

On sait que l'oreille crée une synthèse des informations sonores, d'autant plus quand elle est confrontée à des résonances. La manière dont une salle, un corps, restitue le son, en résonnant éventuellement à des fréquences propres peut créer l'impression d'un objet sonore plus dilué, mais avec un rendu très unifié. Je considère cette fréquence de résonance comme l'impression du lieu, la trace que laisse l'espace sur le son. En psychoacoustique on appelle cela les fréquences modales. Elles se trouvent généralement sous les 300 hz. La longueur d'onde de chaque fréquence est directement liée à une ou plusieurs des dimensions de la salle et aussi à sa géométrie. Le nombre de fréquences modales varie avec la complexité de la structure de l'espace. Dans le cas des grottes et failles étudiées, la géométrie est asymétrique. Le temps mis par les différentes réflexions du son pour arriver au même point varie énormément, ces différentes réflexions sont donc irrégulières, variant suivant les points d'écoutes.

Jusqu'ici j'ai considéré la grotte comme réceptacle ou filtre, mais c'est aussi un émetteur. Son système de résonance met en évidence des fréquences mais en crée certaines. Les harmoniques qui s'y créent peuvent même aller jusqu’à donner une vibration intra-auriculaire. Dans un milieu concave les parois donnent l’impression d’un son très intense dû à la concentration d'énergie sur une fréquence de résonance, mais aussi dû aux ondes stationnaires qui se forment.