Résonances

Exploration

Analyse

Traduction

Les explorations sonores que je mène depuis quelque temps, sont en lien direct avec les espaces que je sillonne. J’ai toujours été attiré par l’énergie que peuvent dégager les espaces. Les empreintes d’un lieu, les situations et les rencontres qui tissent mes rêveries sont les matières brutes de mon processus créatif. Ces enchaînements phénoménologiques brodent des paysages sensoriels instantanés.

Au cours de mes études, mes rencontres m’ont amenées naturellement vers des faisceaux de circonstances qui se sont déployés comme des séquences d’événements. Des odeurs, des lumières, des sons, des textures s’enchaînaient et s’accordaient pour construire l’espace. C’est l’ensemble indissociable de ces éléments qui crée l’expérience.

Mon intérêt est d’explorer les possibles du monde afin de provoquer une multitude d’expériences. Ces expériences me permettent de voyager dans mon monde intérieur. En parcourant ces systèmes sensoriels, j'essaye d’en déceler les rouages, pour les intégrer à mon geste créatif. Mon but est dès lors, de sillonner les grands espaces comme les microcosmes, dans l’espoir que mon chemin m’amène vers des lieux et des phénomènes que je pourrais capter dans l’instant.

J’enregistre ces fragments de lieux à l’aide de caméras et de microphones. Autant pour les utiliser directement comme matière que pour m’aider à restituer mon regard en les utilisant comme échantillons témoins, grâce auxquels je peux traduire une partie de l’expérience qui m’a traversée.

Quand on parle de regard, on parle aussi souvent de point de vue, il en va de même pour l’écoute. Le point de vue qui m'intéresse est extérieur et périphérique. Comment voir « de l’autre côté » ? Observer le monde urbain depuis les souterrains de la ville ou observer l’océan depuis le fond d’une grotte. La grotte, c’est le monde souterrain, l’autre face du miroir. Ce type d’espace m’attire et je suis persuadé que leur topologie spécifique, périphérique pourrait me mener vers une expérience intéressante.

J'aimerais vous proposer à travers ce mémoire une ode à la contemplation, une expérience de l’espace sonore, retranscrite de manière narrative et analytique, qui aborde les questionnements posés par une possible traduction de l’expérience.

Pour réaliser ce mémoire, j’utiliserai une méthode inductive. Je partirai de faits, de données brutes observables, pour aller vers l’analyse et des traductions de celles-ci. J’aurais ainsi l’occasion de parler, d'écouter et de capter des systèmes sonores dans un processus d’écriture du son.

Pour ce faire, je travaille à partir d’un ensemble d’enregistrements sonores réalisés durant l’exploration d’un paysage géologique mené spécialement pour ce mémoire. J’ai choisi une partie de la côte nord bretonne, entre Saint-Malo et Cancale. Ce terrain contient de multiples grottes, failles, vasques, cannelures et arènes granitiques avec des topologies variées. Ils seront mes « espaces témoins » dans lesquels je réaliserai des prises de sons constituant une documentation autour de la résonance de la mer dans les creux de la pierre, des échos systémiques, des « polylogues à marée basse ». Ces captations sont les fragments témoins des expériences qui nourriront ce mémoire.

Mon écrit est séparé en trois parties qui présenteront trois points de vues situés dans trois temporalités différentes.